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Résumé :
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Cette étude porte sur la biologie et l’exploitation des rascasses débarquées par la pêche côtière au port de Tanger, en mettant l’accent sur trois espèces principales : la rascasse de fond (Helicolenus dactylopterus), la rascasse rouge (Scorpaena scrofa) et la rascasse rose (Scorpaena elongata). Elle a pour objectif de caractériser les paramètres biologiques de ces espèces et d’analyser leur exploitation afin de combler le manque de données disponibles et de fournir des éléments scientifiques utiles à la gestion durable des pêcheries démersales. La méthodologie de cette étude repose sur une approche intégrée combinant analyses statistiques, enquêtes de terrain et échantillonnage biologique. Les données de la période 2019–2024 issues de l’Office National des Pêches (ONP) ont permis d’évaluer la production nationale et locale par façade maritime (Atlantique Nord, Centre, Sud et Méditerranée). En parallèle, des enquêtes ont été menées auprès de 58 unités de pêche au port de Tanger, comprenant des chalutiers et des palangriers. Enfin, un échantillonnage morphométrique portant sur 1 923 individus a permis d’étudier la relation taillepoids et la structure des captures : 1 839 H. dactylopterus, 64 S. scrofa et 20 S. elongata. Les résultats montrent une répartition spatiale contrastée : S. scrofa domine en Méditerranée (>90 %), H. dactylopterus en Atlantique Nord (65 %) et S. loppei en Atlantique Sud (>80 %). À Tanger, les palangriers concentrent 72 % des débarquements, ciblant majoritairement H. dactylopterus (95 %), tandis que les chalutiers et barques contribuent respectivement à 18 % et 8 %. Les palangriers capturent généralement des individus de plus grande taille : H. dactylopterus (28–49 cm), S. scrofa (45–56 cm) et S. elongata (37–56 cm), contre des tailles plus réduites pour les chalutiers. Par ailleurs, l’analyse de la croissance révèle une croissance allométrique négative pour H. dactylopterus (b = 2,19–2,62), et une croissance quasi isométrique pour S. scrofa (b = 2,94) et S. elongata (b = 2,78). Enfin, Les enquêtes révèlent que les palangriers utilisent des palangres appâtées pour cibler les rascasses, tout en capturant d’autres espèces démersales comme la dorade rose (Pagellus bogaraveo). Les chalutiers, eux, capturent les rascasses de manière accessoire avec le merlu, le chinchard et la crevette rose de large. La fermeture biologique de la dorade rose en 2025 a entraîné un report de l’effort de pêche vers la rascasse de fond (Helicolenus dactylopterus), dont les débarquements ont dépassé 19 tonnes en trois mois. Cette situation confirmerait son rôle de ressource de substitution, mais met aussi en évidence sa vulnérabilité, soulignant la nécessité de l’intégrer dans les plans de gestion des pêcheries démersales marocaines.
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