Résumé :
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La région d’Imouzzer Kandar, riche d’une diversité de productions fruitières et maraîchères, se caractérise par une dynamique agricole importante mais confrontée à des circuits de commercialisation marqués par la prédominance des intermédiaires, la volatilité des prix et une captation inégale des marges. Face à ces constats, ce travail s’attache à analyser les chaînes de commercialisation existantes et à construire, de manière participative, un modèle d’articulation entre politiques publiques et opportunités de circuits courts, afin de renforcer la résilience territoriale. L’étude repose sur une méthodologie croisée alliant analyse de chaîne de valeur, diagnostic participatif, entretiens semi-directifs et 74 enquêtes agricoles (94 observations produits), enrichies par des échanges avec les acteurs institutionnels et commerciaux. Les résultats révèlent la domination des circuits longs qui concernent près de 90 % des exploitations, une forte dépendance des producteurs vis-à-vis des collecteurs, et des marges captées en aval atteignant 60 à 70 % du prix final. L’analyse par filière montre que dans les cultures fruitières (pomme et pêche), la saisonnalité de la production et la dépendance aux collecteurs expliquent la difficulté d’écoulement et la fixation désavantageuse des prix producteurs. Dans les cultures maraîchères (pomme de terre et oignon), la forte variabilité des prix liée aux pics de récolte, la concurrence accrue et l’absence de structuration collective limitent la capacité des producteurs à valoriser leur production. En parallèle, l’exploration des alternatives de commercialisation met en évidence une ouverture vers les circuits de proximité : la restauration scolaire, perçue comme prioritaire par 76 % des producteurs, se distingue par sa stabilité et son ancrage territorial, alors que les AMAP et la vente en ligne (53 % chacun) apparaissent prometteuses mais freinées par des contraintes organisationnelles et logistiques, tandis que la grande distribution (49 %) suscite à la fois intérêt et inquiétudes face au risque de dépendance. Ces constats orientent la proposition d’un modèle pilote intitulé TERRA-CANTINE, destiné à relocaliser les approvisionnements scolaires à travers une gouvernance territoriale partagée, une plateforme logistique mutualisée et une contractualisation sécurisée, afin de valoriser les productions locales et d’inscrire l’alimentation scolaire dans une dynamique de développement rural équitable et durable.
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