Résumé :
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L’agriculture à l’échelle mondiale est soumise à une pression croissante pour répondre aux besoins alimentaires d’une population en expansion, tout en limitant les impacts environnementaux. Le changement climatique, l’épuisement des ressources naturelles et les transformations socio-économiques aggravent les vulnérabilités, notamment dans les zones semi-arides. Dans la province de Sidi Kacem au Maroc, le Plan Maroc Vert de 2008 a entraîné une transition vers la culture de l’olivier, augmentant la production économique mais exerçant une pression sur les ressources en eau. L’agroécologie constitue une voie viable pour concilier productivité et durabilité. Cette étude explore les pratiques agroécologiques dans la culture de l’olivier et examine comment une typologie des exploitations fondée sur la multifonctionnalité peut orienter des stratégies de transition adaptées. Soixante exploitations ont été sélectionnées par échantillonnage en boule de neige. Une Analyse Factorielle de Données Mixtes (AFDM) a été réalisée sur la base de cinq dimensions de la multifonctionnalité : économique, productive, sociale, environnementale et culturelle, suivie d’une Analyse Hiérarchique par Regroupement (AHR) permettant de définir quatre groupes distincts. Les pratiques agroécologiques ont ensuite été analysées au sein de chaque groupe. Les résultats ont révélé une grande variabilité. Les exploitations orientées vers l’agrobusiness (15 %) présentaient la marge brute la plus élevée (20 019 €/ha), mais affichaient de faibles performances environnementales ; 44 % utilisaient des systèmes à haute densité sans cultures intercalaires, rendant la transition particulièrement difficile. Les exploitations d’Entrepreneurs Agricoles Locaux (33 %) étaient plus équilibrées : 90 % cultivaient des variétés traditionnelles, 75 % pratiquaient l’interculture et généraient un revenu de 3 154 €/ha. Les petites exploitations de subsistance (28 %) affichaient la marge la plus faible (1 382 €/ha), mais 100 % pratiquaient l’interculture, démontrant une forte durabilité et un enracinement culturel important, offrant un potentiel élevé de transition. Les exploitations commerciales de taille moyenne (24 %) affichaient un revenu modéré (1 775 €/ha), mais un faible engagement culturel, seulement 8 % cultivant des variétés traditionnelles. De manière générale, tous les groupes nécessitent une transformation. Cependant, l’étude montre que, même dans un contexte local commun, la diversité des exploitations exige des stratégies de transition agroécologique différenciées. Il est à noter que les exploitations présentant des fonctions sociales, environnementales et culturelles plus fortes montrent une plus grande disposition à adopter l’agroécologie.
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