Résumé :
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La gestion des populations canines errantes est un enjeu majeur de bien-être animal et de santé publique, en particulier dans les pays comme le Maroc où certaines zoonoses liées au chien sont endémiques. La castration chirurgicale, bien que largement utilisée pour limiter la reproduction et donc la prolifération des chiens errants, présente des limites importantes : elle est chronophage, coûteuse, nécessite une récupération post-opératoire et comporte un taux de complications pouvant atteindre 32 %, ce qui peut entraver l’efficacité des programmes de contrôle des populations. Afin d’outrepasser ces contraintes, des alternatives comme l’injection intratesticulaire de produits inorganiques tels que le chlorure de calcium ont été explorées. La présente étude a évalué l’efficacité d’une solution stérile de chlorure de calcium à 20 % dissous dans de l’éthanol à 95 % à induire l’atrophie testiculaire, ainsi que son accessibilité, sa tolérance et sa sécurité chez 39 chiens errants des préfectures de Rabat, Salé et Skhirat-Témara hébergés en refuge en vue de proposer une solution pour la gestion sans cruauté de ces populations et la prévention des zoonoses associées. Les chiens ont reçu une prémédication à l’acépromazine par voie orale afin de limiter leur stress et leur agressivité, facilitant ainsi leur contention et leur manipulation. Le protocole d’anesthésie et d’analgésie a inclus la dexmédétomidine, l’atipamazole, la bupivacaïne et le méloxicam. Les chiens ont été suivis aux jours 2, 7, 15 et 30 après le traitement. L’efficacité de la sédation orale par l’acépromazine a été évaluée à 2h environ après administration, à l’aide d’un score de sédation. Les paramètres de suivi de l’efficacité et de l’innocuité de la castration chimique incluaient le suivi de la largeur testiculaire, l’évaluation de la douleur et de l’inconfort selon l’échelle de Glasgow, ainsi que l’examen de l’aspect testiculaire et la recherche de complications locales. Les résultats ont montré une réduction progressive et significative de la largeur testiculaire après J15, une absence de douleur chez tous les chiens à J2, un léger inconfort à J2 chez trois chiens, et des complications locales sous forme de plaies ulcératives chez 18 %, avec abcédation dans 5 % des cas (n = 2). Ce protocole de castration chimique s’est en outre distingué par son faible coût et sa simplicité de mise en oeuvre. Ce qui suggère que cette méthode pourrait constituer une alternative crédible et prometteuse à la castration chirurgicale dans les campagnes de stérilisation à but sanitaire et éthique, sous réserve de confirmer son efficacité sur la spermatogenèse et d’assurer un suivi post-injection rigoureux.
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