|
Résumé :
|
Le phosphore (P) est un macronutriment essentiel à la production du blé (Triticum aestivum L.), dont la disponibilité dans les sols est souvent limitée en raison de sa fixation chimique, en particulier dans les sols calcaires ou à faible fertilité. Dans ce contexte, la fertilisation foliaire en phosphore apparaît comme une stratégie prometteuse pour améliorer l'efficience d'utilisation des nutriments et renforcer les composantes du rendement, notamment en conditions carencées. Cette étude évalue l’efficacité agronomique de l'application foliaire de phosphore dans un essai conduit en plein champ sur deux sols contrastés par leur teneur en phosphore assimilable : un sol carencé (23 ppm, parcelle P43013) et un sol riche en phosphore (96 ppm, parcelle P42012). Le dispositif expérimental retenu est un bloc aléatoire complet avec quatre modalités : une application au tallage (S1), une à l’anthèse (S2), une double application (S1+S2) et un témoin non traité. Le phosphore a été apporté sous forme de monoammonium phosphate (MAP) soluble, appliqué par pulvérisation aérienne via drone afin d’optimiser la couverture foliaire. Les paramètres mesurés incluent la densité de plantes, le nombre de talles par plante, le nombre d’épis au mètre carré, le nombre de grains par épi, le poids de mille grains (PMG), la biomasse aérienne totale et le rendement en grains (q/ha). Les résultats montrent que, sur le sol carencé, l’apport foliaire de phosphore a permis une amélioration notable des composantes du rendement, en particulier la densité d’épis, le nombre de grains par épi et le PMG. Le traitement combiné (S1+S2) a enregistré la meilleure performance agronomique, avec une augmentation moyenne du rendement de 48 % par rapport au témoin. Toutefois, ces différences n’ont pas atteint le seuil de signification statistique, probablement en raison d’une faible variabilité intra-parcellaire. À l’inverse, aucune réponse significative n’a été observée sur le sol riche en phosphore, suggérant une satisfaction des besoins nutritionnels par le stock disponible et une efficacité limitée de l’apport foliaire dans ce contexte. Ces résultats confirment que la fertilisation foliaire au phosphore, bien que complémentaire et non substitutive à la fertilisation de fond, peut jouer un rôle stratégique dans l’optimisation de la nutrition des céréales en situation carencée. Elle s’inscrit dans une approche de gestion durable des ressources fertilisantes, en réduisant les pertes par fixation dans le sol et en améliorant l’efficience d’utilisation du phosphore dans des systèmes agricoles soumis à des contraintes de disponibilité en nutriments.
|