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Résumé :
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L’étude porte sur les dynamiques de l’élevage pastoral dans la région de Dayat Aoua, située au Moyen Atlas marocain, ainsi que sur les perspectives d’une transition agroécologique dans ce contexte spécifique. L’élevage pastoral, historiquement une activité centrale pour les communautés locales, a été profondément transformé au cours des dernières décennies en raison de plusieurs facteurs, notamment la sédentarisation des éleveurs, la pression croissante sur les terres, et les changements environnementaux. Ces transformations ont conduit à une réduction des pratiques de transhumance et une dépendance accrue aux intrants externes, telles que les compléments alimentaires, impactant directement la résilience des systèmes pastoraux. L’objectif principal de cette étude est d’évaluer les pratiques actuelles et passées des éleveurs en se basant sur des critères agroécologiques, afin de comprendre l’impact de ces changements sur la durabilité des systèmes d’élevage. Une grille d’évaluation agroécologique a été élaborée et appliquée à 33 éleveurs actuels, ainsi qu’à un profil d’éleveur ancien représentatif des pratiques traditionnelles. Cette évaluation a permis a permis de comparer les performances environnementales, économiques et sociales des systèmes anciens et actuels, selon cinq critères principaux : l’autonomie alimentaire, la gestion des ressources naturelles (notamment les pâturages), la reproduction et les races, la durabilité socioéconomique, et la transmission des savoirs. Les résultats montrent que les systèmes actuels obtiennent des scores inférieurs à ceux des systèmes anciens, en particulier en matière de gestion durable des pâturages et d’autonomie alimentaire. Le recours accru aux intrants externes a affaibli la résilience des éleveurs face aux aléas climatiques et économiques. De plus, la transmission intergénérationnelle des savoirs pastoraux, autrefois un pilier de la gestion durable des ressources, est en déclin, fragilisant davantage la viabilité des systèmes actuels. Les discussions ont mis en lumière l'importance d'une meilleure intégration de l'agriculture et de l’élevage dans les systèmes actuels pour améliorer leur autonomie alimentaire et leur résilience. L’évaluation souligne également la nécessité de réhabiliter l’élevage pastoral dans le modèle agricole local, non seulement pour ses bénéfices écologiques, mais aussi pour sa fonction sociale et culturelle, notamment en termes de transmission des savoirs et de gestion durable des ressources naturelles.
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