Résumé :
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Les ressources pastorales, avec leurs innombrables bienfaits sur la conservation des écosystèmes naturels, la prévention de la désertification ainsi que sur le revenu des populations usagères, sont de plus en plus menacées de dégradation voire de disparition dans certains cas. Cette situation est amputée principalement à la surexploitation de ces ressources dans un contexte social, économique et climatique aggravant, marqué par une sédentarisation quasi-généralisée des pasteurs et un abandon des pratiques ancestrales de gestion durable des parcours. Des initiatives de revivification de ces pratiques, à l’instar de l’agdal, ont ressurgi ces dernières années dans certaines régions de tradition pastorale au Maroc, comme il est le cas, depuis trois années consécutives, du parc sylvo-pastoral de Saheb Laghnam (terres collectives dans la province d’Ifrane). Cependant, la viabilité et la généralisation de ce système dépendent de l’obtention de résultats concrets et encourageants pour les communautés pastorales locales. Cette situation implique, donc, l’évaluation de l’impact de l’agdal sur les ressources pastorales concernées. Les paramètres de recouvrement végétal, de densité des espèces, de phytomasse ainsi que les indices de biodiversité floristique ont été considérés. Le recouvrement végétal, était de 83% dans l’agdal, alors qu’il était de 33% dans les zones à pâturage continu (différence significative de 151,5%). De plus, la densité d’espèces pastorales comme Medicago suffruticosa était 12,5 fois plus importante dans l’agdal (250 000 individus/ha) qu’en zone à pâturage continu (20 000 individus/ha). La phytomasse disponible était ~2,2 fois plus élevé dans l’agdal (870,3 kgMS/ha) qu’en zone à pâturage continu (398,7 kgMS/ha). Toutefois, la zone à pâturage continu présente des indices de biodiversité floristique de Shannon-Weaver (3,15), de Pielou (0,95) et de Simpson (0,93) plus élevés qu’en agdal (respectivement 3,03, 0,85 et 0,86), tandis que l’indice de Hill est légèrement plus bas dans le pâturage continu (0,05 contre 0,06 en agdal). Afin de mieux cerner l’impact du rétablissement de l’agdal, il serait important de l’évaluer sur des zones où cette pratique est respectée pendant une plus longue durée. Des initiatives d’introduction de pratiques de gestion durable des parcours, susceptibles d’améliorer davantage les résultats obtenus, à l’exemple du pâturage ‘repos-rotation’, sont des terrains à explorer.
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