Résumé :
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Dans le contexte de la gestion pastorale des Ait Zekri, situés dans le Haut Atlas central, les pratiques ancestrales comme l’Agdal sont confrontées aux défis du changement climatique, de la dégradation des ressources naturelles et de l’évolution des dynamiques de mobilité pastorale. L’intégration de la loi 113-13, qui vise à réguler la transhumance tout en préservant les spécificités locales, constitue un enjeu majeur. Cette étude a pour objectif d’analyser les coutumes régissant la transhumance et de proposer des mécanismes pour leur intégration dans un cadre législatif, en vue d’une gestion durable des parcours. Pour atteindre cet objectif, il s'agit de décrire l’état actuel de la transhumance chez les Ait Zekri, d'analyser les coutumes intra- et extra-zones, puis de formuler des recommandations pour une charte de gestion durable. La méthodologie repose sur des entretiens semi-structurés réalisés auprès de 22 éleveurs transhumants, sélectionnés selon un échantillonnage à boule de neige. Les résultats montrent une forte diminution des effectifs de cheptel entre 2022 et 2024, avec une baisse de 43,9 % pour les ovins et de 40,4 % pour les caprins, due à la hausse des coûts et à la succession des années de sécheresse. Le recul du nombre de transhumants est également attribué au désintérêt des jeunes pour cette activité, tandis que les coutumes, notamment l'Agdal, continuent de structurer la gestion des parcours malgré leur fragilisation. Un contrat coutumier signé en 2005 régit encore la gestion de l'Agdal, mais il devient nécessaire de moderniser ces règles pour faire face aux pressions croissantes sur les ressources. Hors de la zone Ait Zekri, les transhumants recherchent des pâturages plus favorables via des accords informels, souvent basés sur la tolérance mutuelle, mais ces déplacements sont de plus en plus influencés par des facteurs économiques, comme la hausse des prix du fourrage, ce qui pousse les éleveurs à louer les chaumes après récolte. Les mécanismes d'intégration proposés incluent la formalisation des accords de location de terres pour sécuriser les droits des éleveurs, la reconnaissance légale du rôle de l’Amghar Nougdal au sein des instances de gestion, ainsi que l’inscription des pratiques traditionnelles comme l'Agdal dans les schémas d’aménagement pastoral. En conclusion, la formalisation des pratiques coutumières et leur intégration dans le cadre législatif de la loi 113-13, sous l’impulsion des autorités locales, sont essentielles pour garantir une gestion durable des ressources pastorales, tout en favorisant un équilibre harmonieux entre modernité, tradition et coexistence entre transhumants et communautés locales.
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