Résumé :
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Les agroécosystèmes oasiens, à la fois intensifs et diversifiés, ont subi plusieurs mutations socio-économiques, agricoles et environnementales, entraînant des transformations profondes dans les systèmes de cultures et d’élevage. Cela a provoqué une rupture des liens entre les composantes de l’agroécosystème oasien, entraînant une diminution des flux circulants entre ces systèmes et, par conséquent, une réduction de leur circularité. Cette étude vise à analyser la circularité des flux de nutriments au sein des agroécosystèmes oasiens, en identifiant les facteurs déterminants de cette circularité et sa variabilité. Une analyse des flux de nutriments a été adoptée comme outil de diagnostic, sur la base de données collectées lors d'enquêtes auprès de 30 exploitations agricoles dans trois types d’agroécosystèmes : les oasis traditionnelles, mixtes et modernes. Les indicateurs d'efficience, intégration agriculture-élevage (IAE), de circularité (CI), et de recyclage (RI) ont permis d’analyser la circularité des flux et une typologie a été établie. Une analyse SWOT a été réalisée pour mettre en lumière les pistes d’action envisageables, afin de lever les obstacles freinant l'adoption de ces leviers et ainsi augmenter l’autonomie des exploitations agricoles tout en renforçant leur durabilité et leur résilience dans les différents agroécosystèmes oasiens. Les résultats de cette étude montrent que la gestion des flux de nutriments et la circularité dans les agroécosystèmes oasiens sont influencées par divers facteurs, notamment économiques. La rentabilité croissante du palmier dattier pousse les agriculteurs à privilégier cette culture, entraînant une monoculture au détriment de la diversité des cultures autrefois essentielles à l’alimentation humaine et animale, ce qui affaiblit le maintien de l’élevage. De plus, des contraintes techniques et écologiques, comme le manque de matériel pour le broyage des palmes sèches et le risque de propagation de la fusariose (Bayoud), freinent la valorisation durable de ces résidus. La typologie établie révèle que les exploitations avec un haut niveau de circularité globale (CI atteignant 74 %) maximisent l'intégration agriculture-élevage et le recyclage des palmes sèches, atteignant 100 % pour l'IAE et le RI. Ces indicateurs se sont révélés pertinents pour distinguer les systèmes en fonction de leur circularité globale. Toutefois, l’indicateur d’efficience, en tant qu’indicateur de performance, montre des limites dans le contexte oasien, notamment pour les exploitations autonomes où les flux internes ne sont pas bien pris en compte. Trois leviers ont été identifiés pour améliorer la circularité : le maintien de l’élevage, la diversité des cultures et le rôle essentiel du palmier dattier, qui contribue à la gestion durable des ressources organiques dans les oasis.
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