Résumé :
|
Le lac Dayet Aoua, une zone humide qui fut autrefois une destination touristique emblématique au Maroc, a vu son écosystème se dégrader en grande partie induisant une perte de ses services écosystémiques, principalement à cause de la surexploitation agricole et des pressions anthropiques. Asséché depuis 2018, cette dégradation a fortement impacté l’activité touristique locale et, par conséquent, les résidents opérant dans ce secteur. Cette étude, inscrite dans le cadre du Projet NATAE, explorant en quoi l’évaluation économique des services écosystémiques récréatifs du lac Dayet Aoua peut-elle fournir des éléments pour soutenir les initiatives de préservation du lac et la stimulation de son activité touristique. L’étude a débuté par une analyse rétrospective de l’évolution des activités agricoles et touristiques à Dayet Aoua, révélant l’impact significatif de l’agriculture sur l’écosystème du lac et sur le déclin de l’activité touristique. Cette analyse, menée en adoptant une approche participative à travers le diagnostic DRPS, a permis d’élaborer des indicateurs d’évolution des deux activités économiques à partir des enquêtes réalisées auprès des différents acteurs. Face à la dégradation du lac et en tenant compte de l’initiative de sa restauration, une analyse des perceptions des touristes, bénéficiaires directs du lac, a été effectuée pour évaluer leur niveau actuel de demande pour les services du lac et leur intérêt à sa préservation. Pour ce faire, une enquête en ligne a été menée pour recueillir les perceptions des touristes sur l’importance du lac et ses services écosystémiques. Quatre dimensions ont été évaluées :la perception de l’importance du lac, la perception de l’importance de ses services récréatifs, la conscience de son état environnemental actuel, et les perspectives pour son avenir. En complément, une analyse du consentement à payer des touristes a été effectuée pour évaluer leur contribution potentielle et concrète à la restauration du lac. Les résultats montrent que, malgré l'état dégradé du lac, une majorité de touristes, soit 86,76%, est prête à contribuer financièrement à sa restauration. L’analyse des déterminants révèle que les touristes ayant un niveau d’instruction plus élevé, un revenu supérieur, un intérêt marqué pour la nature, sont plus enclins à soutenir financièrement sa conservation. De plus, la proximité géographique au lac joue un rôle crucial dans la perception de l’importance du lac. Ces conclusions indiquent que la renaissance du lac Dayet Aoua comme destination touristique est non seulement envisageable, mais également appuyée par un engagement concret des visiteurs, disposés à soutenir financièrement sa restauration. Pour réussir cette renaissance, il sera essentiel de coordonner les efforts de tous les acteurs impliqués, d'adopter des politiques de développement durable, de favoriser une culture de protection de l'environnement en intégrant des approches d’évaluation économique des services écosystémiques, compte tenu de leur importance et leur utilité en tant qu'outil de prise de décision politique et d’orientation des stratégies de conservation des écosystèmes. Si ces conditions sont respectées, le lac de Dayet Aoua pourrait non seulement retrouver sa renommée touristique, mais aussi devenir un modèle exemplaire d'équilibre entre développement humain, croissance économique, et conservation de la nature.
|