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Résumé :
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Les politiques agricoles au Maroc depuis l’indépendance ont privilégié une approche axée sur la productivité de l’agriculture, transformant ainsi les systèmes agricoles multifonctionnels. Le territoire de Dayet Aoua, situé au Moyen Atlas, a connu une transition notable vers la pomiculture, encouragée par le Plan Maroc Vert en 2008. Cette transition s’est accompagnée d’une pression croissante sur les ressources naturelles, en particulier les ressources hydriques, déjà fragilisées par des sécheresses récurrentes. Face à ces enjeux, l’agroécologie émerge comme une solution pour concilier la production agricole et la gestion durable des ressources. Ce travail s’inscrit dans le cadre du projet « NATAE » qui vise à favoriser la transition agroécologique en Afrique du Nord. Ainsi, l’objectif global de ce travail est d’analyser la manière dont la prise en compte de la multifonctionnalité des exploitations agricoles pourrait contribuer à réajuster les modèles de transition agroécologique. L’étude s’est appuyée sur une évaluation des fonctionnalités productives, économiques, environnementales, sociales et culturelles de 74 exploitations sélectionnées à travers un échantillonnage stratifié, suivie d’une évaluation du niveau d’agroécologie. Une analyse factorielle de données mixtes AFDM a permis de regrouper les exploitations selon leurs fonctionnalités, tandis que l’analyse en composantes principales ACP a servi à les classer en fonction du niveau d’intégration des dix principes agroécologiques de la FAO. Afin de mieux comprendre les synergies et les éventuelles tensions entre les fonctionnalités assumées et le niveau d’adoption atteint pour chaque principe agroécologique, une analyse factorielle de correspondances AFC était utile en explorant les résultats des deux classifications réalisées. L’analyse AFDM a mis en évidence trois groupes d’exploitations : le premier comprend 20 exploitations agricoles marquées par une dominance des fonctionnalités environnementale et culturelle, le second, composé de 39 exploitations, combinant les fonctionnalités sociale et culturelle, et le troisième groupe, constitué de 15 exploitations, principalement orienté vers les aspects productifs et économiques. Les résultats de l’ACP montrent que le troisième groupe, constitué de 37 exploitations, se distingue par une intégration équilibrée et harmonieuse des principes agroécologiques, contrairement aux deux autres groupes composés respectivement de 24 et de 13 exploitations agricoles. L’analyse AFC a révélé que les exploitations avec dominance des fonctionnalités environnementale et culturelle sont mieux positionnées dans la transition agroécologique, suivies de celles avec une dominance sociale et culturelle. Tandis que les exploitations axées sur les fonctionnalités productive et économique restent en retrait. Ces résultats soulignent la nécessité d’une approche intégrée pour améliorer les performances agroécologiques des exploitations agricoles dans le territoire.
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