Résumé :
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En milieu rural, les jeunes et les femmes en particulier constituent une strate sociale vulnérable, assez visible dans le paysage social mais peu « incluse » au sens plein du terme, dans la vie active du territoire. L’accès difficile aux ressources foncières et financières, ainsi que les coutumes et normes propres à chaque territoire, dans notre cas-ci le territoire de Dayat Aoua, confinent cette arrière-garde sociale dans des niches socio-professionnelles spécifiques et les contraignent à développer une dynamique de subsistance. Ce manque d’inclusion de la jeunesse, pourtant moteur de développement et de modernisation, limite non seulement son épanouissement personnel, mais freine également le développement durable des territoires. Pour appréhender davantage cette problématique, le présent travail a pour objectif d’analyser le niveau d'inclusion économique des jeunes dans ce territoire, et d'identifier les facteurs socio-économiques conditionnant leur inclusion. Le travail inclut également une appréciation des programmes de soutien des jeunes existants. La méthodologie repose sur une approche territoriale participative impliquant les acteurs locaux, avec une combinaison d’enquêtes quantitatives et qualitatives, d'entretiens et d'analyses statistiques. Les résultats montrent que le territoire de Dayat Aoua présente des inégalités spatiales marquées, limitant l’accès aux ressources et aux opportunités économiques, surtout pour les jeunes. Les jeunes hommes et femmes de Dayat Aoua connaissent une inclusion économique différée en raison d'une exclusion structurelle et de contraintes systémiques. Les hommes sont majoritairement confinés à des emplois précaires dans la main-d'oeuvre agricole (MOA) ou à des rôles non rémunérés dans la main-d’oeuvre familiale (MOF). Leur accès aux facteurs de production clés, tels que le foncier agricole et le capital d'investissement, est limité, en raison notamment de la transmission intergénérationnelle tardive des terres, ce qui freine leur inclusion économique. La pluriactivité, la mobilité saisonnière et l’entrepreneuriat, bien que constituant des stratégies de diversification des revenus, sont limitées par l’absence de capital financier, de foncier commercial, d’un marché local sous-développé et de la précarité et instabilité des opportunités économique, rendant ces activités insuffisantes pour garantir une inclusion économique pérenne. Les jeunes femmes, quant à elles, subissent une marginalisation économique et sociale exacerbée par les normes patriarcales, les confinant principalement à des tâches de rôles traditionnels et à des emplois inadaptés. Leur potentiel invisible dans la sphère sociale ainsi que leur accès restreint aux ressources essentielles renforcent leur dépendance économique et perpétuent toute autonomisation en faveur d’inclusion économique et sociale durable. En somme, ce travail révèle le manque d’inclusion de la jeunesse au niveau du territoire : un faible niveau d’inclusion économique de la majorité des jeunes hommes et une exclusion sociale et économique pour les jeunes femmes. Les pistes d'intervention incluent la sensibilisation de la communauté à l'importance de l'autonomisation des femmes et de leur participation active à l'économie locale, la promotion d’un meilleur accès aux ressources productives pour les jeunes afin de soutenir leur inclusion économique, ainsi que l'amélioration de la mise en oeuvre des programmes de soutien en tenant compte des spécificités locales et des besoins particuliers des jeunes de ce territoire.
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