Résumé :
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Les parcours jouent un rôle vital dans la subsistance des communautés locales des deux communes rurales M'semrir et Tilmi, en fournissant des ressources fourragères importantes pour leur bétail et en maintenant l'équilibre écologique de la région. Cependant, la dégradation croissante de la végétation menace désormais la pérennité de ces parcours, posant ainsi un défi crucial pour la durabilité des activités pastorales dans la zone. Le présent travail a pour objectif d'évaluer la dégradation de la végétation dans les parcours de M’semrir et Tilmi, en utilisant une combinaison d'indicateurs écologiques, biologiques et de biodiversité floristique, complétée par une analyse spatio-temporelle de la dynamique de la végétation par télédétection. Durant la période (mai et juin, 2023), 25 relevés végétaux ont été effectués sur des parcelles de 25 m², où nous avons identifié toutes les espèces végétales, leurs types biologiques, leurs abondances et le recouvrement global du sol au niveau de la parcelle. Des indices de biodiversité ont été calculés à partir de ces données, ainsi qu'un indice de perturbation basé sur la distribution relative des types biologiques. Une analyse temporelle de la dynamique de la végétation a été réalisée en examinant la composante saisonnière et celle relative à la tendance de la série temporelle du NDVI (Normalized Difference Vegetation Index) mensuel moyen (2000-2023), obtenues par la décomposition STL (Seasonal-Trend decomposition by LOESS). Une analyse de corrélation/régression a été également effectuée pour examiner la relation entre la tendance du NDVI et celles des facteurs climatiques (précipitations, température moyenne et couverture neigeuse) sur la période entre 2000 et 2020. Enfin, et pour représenter géographiquement la dégradation de la végétation des parcours, un ensemble de 75 images satellitaires couvrant la période entre 2013 et 2022, a été utilisé pour élaborer une carte de tendance du NDVI. Cette étude a mis en évidence une dégradation importante de la végétation dans la zone d'étude, caractérisée par des changements dans la composition floristique d’une part et la perte de phytomasse d’autre part. Cette dégradation se manifeste d’abord par une régression de la strate arbustive et une progression de la strate herbacée. Les plantes chaméphytes prédominent avec 41,6 % des espèces végétales inventoriées, suivies des hémicryptophytes (28,1 %) et des thérophytes (25,8 %). En revanche, les géophytes et les phanérophytes représentent moins de 5 %. L’indice de perturbation est estimé à 67 %. Cette perturbation est également discernée par les résultats des indices de biodiversité, qui ont montré une diversité faible (Indice de Shannon Weaver H = 1,66), et une équitabilité élevée (Indice de Pielou R = 0,7), suggérant l’existence d’une pression anthropique importante, principalement due au surpâturage. La dégradation se manifeste aussi par des indicateurs biologiques, à savoir, un recouvrement faible du sol, l'apparition d'espèces indésirables et le déchaussement des plantes. L'analyse de corrélation et de régression montre une forte relation entre la végétation et les facteurs climatiques, ce qui explique les fluctuations importantes qui caractérisent la dynamique de la végétation de ces parcours. La carte de tendance du NDVI révèle que 17,1 % de la superficie totale a subi une dégradation significative du couvert végétal. En addition aux facteurs climatiques, le surpâturage semble jouer un rôle prépondérant dans cette dégradation.
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